Ovide (fantaisie)

Sous couvert de célébration de la gens Iulia, la famille de l’Empereur qui, comme chacun sait, prétendait par le fils d’Enée descendre de Vénus Aphrodite elle-même, le poète aurait dissimulé dans son livre une théologie érotique hétérodoxe dont la figure principale était la déesse de l’amour ou selon d’autres une trinité qui associait à la déesse son fils, Cupidon, et le dieu père, Zeus, dieu invisible et sans forme propre, qui ne se manifestait que par les avatars où il s’incarnait pour imprégner des mortelles. Je n’ai jamais compris la méthode par laquelle on pouvait extraire du texte des Métamorphoses une telle théologie, laquelle se serait doublée d’une théurgie, théurgie qui aurait été la raison du bannissement du poète, mais il y aurait eu une version parallèle du livre, apparemment inoffensive puisqu’elle aurait consisté uniquement en une suite de descriptions de lieux ouvrant chacun sur une histoire tirée du livre du poète. Ce livre se serait donné comme un abrégé des Métamorphoses mais en donnerait une clé d’interprétation si l’on le confrontait à l’œuvre originelle en portant attention à l’ordre de présentation des récits mythologiques, qui n’y serait pas chronologique comme dans le livre originel mais suivrait une autre logique, censément celle de l’édifice théologique, et aux modifications plus ou moins discrètes que subissaient lesdits récits.