Mémoire, Mathura (4/5)

1er mai 2015

J’ai beaucoup élaboré sur cette impression « petite ville », j’ai fait des comparaisons, mais en réalité le facteur le plus fort pour me donner cette impression était plus simple, plus immédiat. D’où je suis (d’où je m’imagine, d’où la mémoire me place), il n’y a rien pour me suggérer qu’une ville de quatre cent mille habitants s’étale tout autour, rien ne vient me signaler l’existence d’une ville moderne et étendue, autour de la vieille ville, sinon le souvenir du trajet accompli en rickshaw depuis la gare. La rive d’en face, de l’autre côté de la rivière, est vide de constructions, peut-être quelques huttes de pêcheurs et encore de ça, qui ferait assez bien dans le tableau, je n’en suis pas sûr. À ma droite, lorsque je regarde vers la rivière, il y a presque tout de suite le mur d’enceinte de la ville, le bout du mur d’enceinte qui arrive à la rivière. Sur les photos que j’ai scannées l’autre jour, des ghats, je n’ai pas, malheureusement, le début, Bengali ghat et l’hôtel Agra, mais j’ai tout de même une image. Le mur qui avance jusqu’à la rivière, des feuillages d’arbres qui dépassent au-dessus du mur et une porte, pas très grande, renforcée de gros clous à têtes carrées, fermée. Je me souviens que le rickshaw a longé le mur, l’arrivée sur le ghat. Donc au-delà de ce mur et de cette porte, il y a des arbres, et rien d’autre apparemment, je veux dire pas d’autres rues, d’autres immeubles, d’autres quartiers. Et de là, de ce morceau de la rive que je ne vois pas, part un pont de chemin de fer. Un beau pont avec des substructures en acier, traverse la rivière et la voie ferrée continue tout droit dans la campagne sur l’autre rive. Et l’allure que ça a, c’est: ça part de la campagne et ça rejoint la campagne.

Donc l’hôtel Agra est au bord de la rivière, donne sur la rivière sacrée, à l’extrémité de la vieille ville, à deux pas du mur d’enceinte, à l’extrémité sud de la vieille ville. Il regarde la rivière par-dessus le dernier ghat, Bengali ghat, là plusieurs barques, décorées de petits fanions, attendent le visiteur, le touriste ou le pèlerin. La barque est assez grande pour accueillir une petite famille. Le dernier degré du ghat fait un petit embarcadère, contre lequel sont amarrés quatre ou cinq barques, de chaque côté des premiers degrés un kiosque peint en rose défraîchi, deux kiosques donc, identiques et symétriques, qui dominent la rivière.

Demain si D. veut, nous pénétrerons enfin dans l’hôtel.

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